mercredi 21 avril 2010

Huppé cul 1 (hc11) - De la rue d’Isabelle au Tango ya ba Noko

Didier de Lannoy
Huppé cul !
assemblage de chroniques prétendument quotidiennes, janvier-mai 2008
Série 1 - Extraits


D'autres dépêches des séries Huppé cul, etc ?
- Huppé cul 2: cliquez sur
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Le rue d’Isabelle et le village de François


Le rue d’Isabelle a disparu…

Et le village de François aussi...

Plus personne, nulle part, plus aucun vieux encore en vie (et n’ayant pas encore complètement perdu ses esprits), plus aucun plan ou grimoire ne peut indiquer à qui que ce soit l’endroit où

- Dans le quartier de Pyramides à Evry ? A Molenbeek, entre le canal et la gare de l’Ouest ?

se trouvaient cette rue-ci et ce village-là.

Ni ce qui a provoqué leur disparition : une avalanche, un glissement de terrain, une inondation, une éruption volcanique, une opération immobilière, un bombardement, une rafle, un massacre, la construction de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle…

Ni même

- On en rêverait !

si la rue d’Isabelle était une rue du village de François.


La veuve d’un fonctionnaire de police


Tous les jours, vers 18h, le fils

- Un chômeur !

de la concierge

- Une femme sans mari !

joue de l’accordéon dans la cage d’escalier.

Une pétition circule parmi les co-propriétaires et les co-locataires de l’immeuble, demandant la mise à pied de la concierge et son remplacement par la veuve d’un fonctionnaire de police.


La calvitie du vautour


D’où vient-il que le vautour soit chauve ? Et pourquoi ne porte-t-il jamais de chapeau pour dissimuler sa calvitie ?


Séjour illégal


Des flammes imposantes sortaient encore des fenêtres de l’immeuble.

Plusieurs personnes en séjour illégal avaient réussi à s’enfuir avant l’arrivée des flics, des pompiers et des fonctionnaires de l’Office des étrangers.

Des chiens pisteurs ont aussitôt été envoyés à leur recherche.


Et les fantômes ?


Il faut faire gaffe, cependant. Et ne pas s’enthousiasmer trop vite. Chaque fantôme est attaché à une chaîne et chaque chaîne a son piquet.

Les fantômes, certes, ne prennent pas feu et ne meurent pas dans l’incendie des vieilles demeures, mais ces personnes-là ne sont pas aussi libres qu’on le prétend.


Les grandes plantations


Ainsi donc

à Bruxelles, à Jette-Saint-Pierre, dans le parc de l’hôpital Brugmann, des arbres, aujourd’hui centenaires (des marronniers, des hêtres pourpres, un érable ?), ont-ils été plantés par Victor Horta au début du siècle dernier ?

Et sont-ils, à présent

- Les gérontologues ne sont pas des horticulteurs !

en fin de vie ?


Que tout soit foutu ! Ebeba !


Un vieux dégueulasse, ancien illusionniste et artiste transformiste (s’étant produit dans de nombreux cabarets d’Anvers et de Bruxelles) devenu tire-laine, s’éprend subitement d’une jeune femme (ses lèvres pulpées ! ses tétons dressés ! ses chaussures à talons hauts mettant son cul en évidence !) rencontrée dans le métro, néglige de lui dérober un portefeuille, une paire de gants et deux téléphones portables, ne pense même pas à lui demander son numéro de téléphone mais, sour-

noise-

ment, lui glis-

se la main sous le chemisier et

- Pour le revendre sur internet ?

- Pour se moucher dedans, tiens !

sans même lui tripoter les seins, dégrafe et subtilise un soutien-gorge et lui glis-

se la main sous la jupette et le collant et

- Ce qu’il aime ce sont les parfums, les odeurs, les tissus !

- Et le contact de la chair ?

- Jamais ! Il se contente des emballages et prend bien soin de ne pas toucher la viande !

sans lui palper les fesses, délace ou dénoue quelques ficelles et s’empare d’un string ou d’une petite culotte, avec adresse et tendresse, sans même que la jeune femme s’en aperçoive et

- Ooooooooh ! Une érection, une érection, une érection ! Bon Dieu ! Ça faisait longtemps ! Il ne faut pas rater ça !

dès l’arrêt de la rame, se précipite sur le quai, s’engouffre dans l’ascenseur, grimpe en courant ou « avale » (le contraire de « dévale », quoi !) les marches de l’escalator et

- Vite, viite, viiiiite ! Je vais exploser, je vais décharger ! Vite un endroit où je puisse déballer mon moule-bites et me vider à l’aise !

traverse le boulevard (pour cacher ses angoisses dans des toilettes publiques situées sur le trottoir d’en face) sans regarder, en brûlant l’asphalte, esquive un vélo, une moto, un autobus et deux taxis mais se fait renverser par un camion de la voirie… et

- Si tu es est mort, c’est par la grâce de Dieu !

ressent brusquement une fatigue étrange et langoureuse… avec une grande faiblesse musculaire… et des picotements dans les jambes… comme après une éjaculation…

C’est foutuuu ! Ebebaaaaaaaaaaa…


Deux jours après, les objets volés (un soutien-gorge et

- Et un porte-jarretelles ?

une petite culotte) n’avaient toujours pas été retrouvés. Ni dans une décharge publique de la RBC ni même dans une simple poubelle de quartier.


Correspondances particulières et notes de la rédaction


Les étangs d’Ixelles c’est comme la guerre en Irak, ça inspire toujours les gens :

- Des nostalgies à Aura Msimang (dont finalement, Jean-Paul Dispaux me le confirme, je possédais la bonne adresse e-mail) : “It takes me ages to read some of what you sent me, and sometimes. I need help to understand, but inspite of all that, I really enjoy the visual images that spring to mind, especially this piece, it reminds me so much of my old stomping grounds…”

- Ou des projets criminels à Serge Goldwicht : « Il y a 15 jours, Hélène, Martin (mon fils) et moi avons sorti Jipéji de son antre, et nous nous sommes promené au bord des étangs d’Ixelles. J’ai proposé à Jipéji de le flanquer avec sa chaise roulante dans l’étang, en guise de performance d’art contemporain ! Jipéji n’a pas été d’accord, car il m’a expliqué que j’en tirerais toute la gloire. J’ai donc renoncé à cette performance… »


Alain Brezault me jalouse presque : « Comment as-tu pu recevoir un mail de l'ami Tetshim, lui qui se désespère de ne jamais recevoir les nombreux mails que je lui envoie… »


Bon, faisons le point. Après avoir, du haut de mon cheval de labour ardennais, répondu avec superbe à Anne-Marie La Fère : « un seul héros, tout le monde ! », j’en viens quand même, peu à peu, à me demander s’il ne conviendrait pas (pour fidéliser ma supposée chalandise) de mettre en évidence quelques sous-fifres : une divinité de seconde catégorie, fin de race ou en vente rapide (qu’on appellera quand même, comme tous les autres petits chefs, « Dieu » ou « Patron »), un fromage de deuxième plateau, un joueur de réserve d’un club de football de troisième division provinciale, un bon vieux tram ringard et bruyant, un rat…

Imaginerai-je et raconterai-je les aventures de Dieu, du tram 81 et de Cannabis

- Ce n’est pas un rat, c’est un octodon !

le rat de Sukina ?

Je soumets cette suggestion à l’appréciation de la base…


Bon ben, en attendant, je m’efforce vaille que vaille de suivre la « ligne » fixée

- Et approuvée par Alain Brezault ! fait observer Alain Brezault…

par le guide clairvoyant, Carmelo Virone et d’éviter les : « remords, retours, ratures, littérature ! »


Hivers


Un drapeau oublié sur un balcon, dans le froid, sous la pluie, se chope une pneumonie. Un assassin, en planque au pied de l’immeuble, se lasse de ne pas voir arriver sa cible. Un homme en sous-vêtements, réfugié sur le toit, finit par agiter un mouchoir blanc.


Tiens, v’là d’jà l’bon Dieu


Dieu… dont l’avion a dépassé la piste lors de son atterrissage sur l’aéroport de Kinshasa… s’en est sorti indemne.

Dieu est grand.

Dieu sait se protéger.

Dieu se tire toujours des flûtes.


La rue de la Longue vie


Après m’avoir encore fait

- Inspirer, bloquer, ne pas respirer !

patienter longtemps dans une salle d’attente puis m’avoir déshabillé, ligoté et enfermé dans un cercueil à pression ou fait

- Respirez profondément, retenez votre respiration…… Respirez de nouveau !

passer, passer et repasser à l’intérieur d’un cercle ou d’un anneau magique pendant

- Et tout l’air que je devais me retenir d’expirer finissait par sortir par les yeux, les cheveux et les oreilles !

toute une matinée, les magistrats de la cour d’assises, après en avoir longuement délibéré, vont-ils enfin proclamer solennellement les résultats de mes analyses, scanners et autres IRM de la session en cours et, applaudis par les prêtres et les policiers, finiront-ils par me délivrer un ordre de quitter le territoire ?


Vespasien


Propriétaire d’une

- On ne mange pas son sachet de frites en urinant ! On ne parle pas à son voisin de table en pissant ! On n’oublie pas de verser son obole au portier en sortant de l’établissement !

chaîne de toilettes publiques low-cost, Vespasien

- On ne téléphone pas dans les latrines ! On ne s’y embrasse pas ! On n’y fait pas l’amour ! On n’y vole pas les portefeuilles ! On n’y égorge personne ! On ne s’y pend pas non plus et on n’utilise pas, à cet effet, le tuyau d’arrosage du préposé à l’entretien des pissotières !

a toujours su concilier la finalité sociale de son commerce et

- Atteindre une taille critique ! Etre en mesure d’imposer ses choix ! Doubler le chiffre d’affaires !

les sévères impératifs de gestion permettant de garantir à son entreprise une croissance rapide et soutenue.


Tango ya ba Noko


Au Congo blanc, dans les beaux quartiers blancs et dans la bonne société blanche de Léopoldville, quand on voyait un homme à barbe et une femme voilée sous un parapluie et qu’on découvrait

- Un Père de Scheut en compagnie d’une religieuse du Sacré-Cœur, oh !

on se disait alors :

- Quelle mésalliance !