mercredi 21 avril 2010

Huppé cul 1 (hc9) - De l’Irak à l’Iraq

Didier de Lannoy
Huppé cul !
assemblage de chroniques prétendument quotidiennes, janvier-mai 2008
Série 1 - Extraits

 
D'autres dépêches des séries Huppé cul, etc ?
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Jusqu’à quand ?
Dois-je taire que le sergent Ed Novak, le sergent Tim Ford, le capitaine Rendal (un ancien d’Irlande et du Kosovo), le sergent Moore, le capitaine Martin Ewers, le caporal Martin Travis (de Californie), le chef de peloton Joseph Keith et le sergent Bowman1 ont découvert, couchés à même le sol, dans une pièce de l’orphelinat Al-Hanan à Bagdad, plusieurs corps d’enfants, couverts de plaies et assaillis par les mouches et que le sergent Ira Jaskar, le sergent Bill Mack, le sergent Daniel Brown (chauffeur de camion-citerne), le commandant Rod Coffman (officier de liaison des Marines) et le sergent Dimitreus Spangero ont alors jeté
- Même pas une grenade !
un ballon de basket dans la pièce pour voir si les mômes réagissaient et
- Oh, ils sont vivants !
que l’un des gosses a redressé la tête et qu’il a ouvert les yeux pour voir ce qui se passait et
- Ce gamin-là n’aime pas la NBA ? Préfère-t-il le soccer ? Déteste-t-il les Ameriki ? De quoi ses parents sont-ils décédés et dans quelles circonstances ? Ont-ils été carbonisés dans leur camionnette, à un barrage routier ou pulvérisés par un missile dans leur chambre à coucher, victimes d’une confusion dans la chaîne de commandement ?
s’est allongé à nouveau par terre, faisant semblant d’être à nouveau mort ?
Dois-je ignorer les massacres de civils à Haditha et à Ishaqi et la façon dont le major Mike Jackson, l’aumonier catholique Bill Wright (du Texas), le général Daniel Vernon, le lieutenant Thomas Mac Lellan et le colonel Stuart Abbott ont mené l’enquête
- Nous avons respecté toutes les règles d’engagement ! L’US Army n’est responsable d’aucune faute !
et réfuté toutes les accusations
- Indignes, ignominieuses, répugnantes ! Nous regrettons la mort de civils mais c’est inévitable ! Nous sommes en guerre, non ? Est-ce un péché de tuer des Irakiens ?
portées contre eux ?
Dois-je taire ça aussi ?
Et ne plus citer le nom des criminels et voiler leur visage pisseux et dissimuler leurs fesses merdeuses et ne plus parler non plus des bagnes-forteresses et des mitards fortifiés d’Irak
le soldat Jason Peppers, le soldat de première classe Joseph Sierakowski, le caporal David Balder, le caporal Steven Kelley, le colonel Mike Stasser, le sergent Jeremy Cooper, le lieutenant-colonel Valonza Fisher se planquent, se branlent ou se doigtent, musclent leurs pectoraux ou leur vagin, s’étirent les jambes, se curent les ongles, consultent des psychologues, écrivent
- Qu’est-ce qu’on leur est rentré dans le lard à ces salauds d’enfants de putains ! Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ! Et du Pétrole qui fait rouler nos bagnoles !
des lettres à leurs parents et à leurs ami(e)s
et où les soldats Paul Hutchinson (de Junction City, dans le Kansas) et Philip Pickard, le sergent Frank Steele, le capitaine Fiona Thorpe, le premier sergent William Kidd (de Detroit), le lieutenant Robert Bann et le capitaine Ken Parker (qui a peur la nuit et pisse parfois dans son froc), torturent à la simulation
- Mais quelquefois ça rate, quand ces enfants de putains de salauds ne savent pas nager !
de noyade
et où le lieutenant Chris Wilkerson, les soldats Delafonte, Jimenez et Meyer, le soldat Dair Niemann, le tireur d’élite Brock (du Tennessee), le premier sergent Bob Edick, le lieutenant Richard Staab (de l’Ohio) et le lieutenant-colonel Rock Cox obligent leurs prisonniers à chanter, danser, sauter de joie, à s’enivrer et
- Souriez devant la caméra ! Chantez, dansez, sautez ! Chevauchez, culbutez, bouquinez ! Buvez, mangez, pissez ! Faites la fête, putains d’enfants de salauds, la fêeeeeeeeeeete!
à faire la fête avec leurs mères et leurs soeurs, à manger de la soupe au cochon et à uriner et à déféquer sur les portraits de Saddam Hussein ou dans la grande salle de prière de la mosquée ?
Jusqu’à quand ?

Les camions rentrent à la base
En début de soirée, des camions militaires, roulant à vive allure, écrasent
- Le soir, les phares, la poussière, le sable dans les yeux… on n’y voit presque rien !
les enfants qui jouent
- Trop près de la route ! Imprudemment ! On devrait s’en faire un rien que pour donner une leçon aux parents ! Des irresponsables, ces gens-là ! On ne laisse pas les mômes jouer dans la rue une fois la nuit tombée !
au bord de la chaussée… et qui voulaient seulement quémander un signe de la main, du chewing-gum, un sourire … mais les chauffeurs avaient reçu des instructions très strictes et
- Dans l’obscurité, il est interdit d’arrêter un convoi !
poursuivent leur route.
- Ces salauds de putains d’enfants seraient bien capables de nous lancer des pierres ou des cocktails Molotov !
Le corps d’une petite fille est projeté en l’air et percute le pare-brise d’un camion.
La tête de la gamine explose, la cervelle et le sang giclent.
Le chauffeur du véhicule accidenté est aveuglé mais
- Un très bon élément ! Un soldat discipliné, dressé pour tuer, prêt à mourir ! Un excellent conducteur !
ne perd pas le contrôle de son engin et continue de foncer vers la base de l’US Army et (ses hamburger, ses cheeseburgers, ses milk-shakes à la fraise, ses cannettes de bière, ses cookies « comme à la maison »)
la civilisation.

Dieu est-il passé dans l’autre camp ?
Les derniers Croisés britanniques en poste au cœur de la ville de Bassora, au moment de quitter le palais qu’ils occupaient, sur la rive droite du Chatt el-Arab, pour se replier dans une base aérienne fortifiée à 25 kilomètres du centre-ville, se sont-ils posés
- Une défaite éhontée ou une simple débâcle ? Dieu est-il encore avec nous ?
quelques questions ou les Shérifs sont-ils prêts
- Prêts à redécoller ? A frapper de stupeur les montagnes et les océans, la lune et les étoiles ? A restaurer d'autres démocraties ailleurs dans le monde ?
à recommencer ?

Note de la rédaction
Cet « Huppé cul », à thème unique, répond à une sollicitation collective de « Het beschrijf » qui m’a été (comme à tout le monde) adressée
- Bonjour, soeur !
par Brigitte Neervoort. Je me suis donc appliqué à repeigner et à ravauder quelques textes de l’agence AnaCo (« Ana et le Congo ») sur la guerre anglo-américaine en Irak .
Sorry ?

Correspondancs particulières, suivi
Judith Bisumbu fait mine
- Je trouve injuste d'être traitée de "sacrée bavarde" pour 60 secondes de conversation avec mon amant téléphonique du jeudi !
de grognonner et
- Je revendique donc un allongement de mon temps de parole pour justifier cette appellation
revendique.
Tandis (aussi) que Anne-Marie La Fère
- D'accord, d'accord, Vieux Didier !
se montre beauuuuucoup plus accommodante.
Tandis (enfin) que je demande à ma femme mariée
- Pour que tu t’impliques plus activement dans ma chronique, quoi !
de me raconter son séjour à Vincemont, chez Arantxa et Bernard.
Et voilà ce qu’elle me rapporte, à quelques mots près, trois jours après : « Tout le monde était dehors… Le soleil se promenait à poil dans un ciel sans nuages… Deux chevaux
- Dont Antoinette voulait absolument voir les zizis ?
broutaient, pétaient et galopaient dans le pré de derrière… Cinq énormes culottes de la voisine de gauche se balançaient sur un fil à sécher le linge… Bernard était parti bosser, planter des poteaux, quelque part dans la brousse… Arantxa, Marychelo, Antoinette et moi-même, nous nous disputions le banc de Wim, le voisin d’en face, un homme
- Un cupide, un baveux, un convoiteur de la femme mariée de quelqu’un d’autre, sans doute ?
absolument charmant, un Hollandais »
1 Véritables patronymes relevés au hasard sur quelques pierres tombales blanches du cimetière d’Arlington ? Même pas !